Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE BLOG DE L' ESTEREL
12 février 2007

Pratiquer le Dharma

Lama Jigmé Rinpoché

http://www.dhagpo-kagyu.org

Jigméla RinpochéCe que l'on appelle couramment la pratique du bouddhisme concerne l'individu dans son entier ; elle s'applique à tous les aspects de l'existence, non seulement l'attitude d'esprit, mais aussi les paroles et les actions, pas seulement les actions accomplies spécifiquement dans le cadre d'une pratique formelle, mais toutes les actions de l'existence.

L'essentiel de la pratique est contenu dans ce que l'on appelle la prise de refuge, qui consiste à tourner résolument son esprit vers l'obtention de l'éveil et à conformer toutes ses paroles, ses actions et ses pensées à ce but. La voie parfaitement pure consiste à purifier les voiles qui recouvrent l'esprit - le voile de l'ignorance, le voile du karma, le voile des émotions - ainsi qu'à pratiquer l'accumulation d'activité positive, c'est-à-dire à s'engager réellement à agir positivement.
Tout cela forme l'entraînement de l'esprit et ne concerne pas seulement l'esprit, mais se rapporte à l'esprit et à tout ce dont il est responsable, c'est-à-dire tous nos actes.

Le point de départ

A partir du moment où l'on est décidé à entreprendre cette progression vers l'éveil d'une manière correcte, il est important de l'établir sur des bases vraiment fermes et de ne pas confondre hâte et précipitation. Il faut prendre un certain nombre de précautions avant de commencer. L'essentiel, c'est la disposition d'esprit dans laquelle on s'établit, et pour que cette disposition soit clairement et fermement établie, il est important de comprendre les mécanismes qui régissent l'esprit. La première chose à faire, lorsqu'on veut s'engager dans ce chemin parfaitement pur, est donc de voir l'esprit à l'oeuvre, d'y reconnaître la présence des phénomènes mentaux, des émotions, etc., d'essayer de les comprendre et d'en admettre la présence. Alors seulement on peut établir un plan d'action et se dire : "je vais essayer de modifier ceci, de changer cela, utiliser ceci ou cela..." On peut alors travailler d'une manière fondamentale. En s'appuyant sur ce qui existe dans l'esprit, en regardant les actions passées, on connaît les résultats produits par telles ou telles tendances ; on peut estimer ces résultats, voir s'ils sont positifs ou négatifs et essayer de comprendre pourquoi ; quand on a compris pourquoi, et seulement alors, on peut dire : "Dans l'avenir, il y a ceci et cela à modifier pour obtenir des résultats réellement positifs et conformes à la voie que je poursuis." L'entraînement de l'esprit commence donc par une prise de conscience de l'esprit et de ses mécanismes. Cela est extrêmement important, car si on se lance dans une pratique frénétique sans trop savoir ce que l'on fait, on risque de se tromper et, de toutes façons, on ne peut pas établir une pratique stable ainsi.

Tourner son esprit vers le dharma

GampopaGampopa a donné des conseils extrêmement précieux pour tous les pratiquants du dharma. Le premier de ses conseils est qu'il faut tourner son esprit vers le dharma. Qu'est-ce que cela signifie ?

Cela veut dire comprendre exactement ce qu'est le dharma et ce que l'on est soi-même. On ne peut pas se rendre vraiment compte du caractère merveilleux, précieux du dharma tant qu'on n'a pas compris ce qu'on est soi-même : si l'on ne s'aperçoit pas que l'existence humaine, qui est la nôtre, est quelque chose de tout à fait exceptionnel, on ne peut pas accorder au dharma toute la valeur qu'il a. Le dharma est ce qui nous permet, si on le pratique d'une manière correcte, d'utiliser cette existence humaine à ce qu'il peut y avoir de plus formidable comme but à atteindre. La première chose à faire est donc de considérer vraiment ce corps, cet esprit qui possède la nature de bouddha, ces conditions de relative liberté dans lesquelles on est placé, toutes ces possibilités qui nous sont données. On s'aperçoit alors que nous est ainsi offerte l'occasion de réaliser cette nature de bouddha. Si l'on fait vraiment cet examen, si l'on se rend vraiment compte de la situation extrêmement privilégiée dans laquelle on est, on a alors une chance que cette constatation ne reste pas simplement une idée, mais devienne quelque chose de fondamental dans notre esprit, qu'elle fasse partie de notre conscience et que le sentiment d'urgence qu'il y a à utiliser cette situation pour parvenir à l'éveil devienne une motivation extrêmement profonde : dans toutes nos actions, dans toutes les circonstances de notre vie, cette préoccupation est présente.

Nous voulons tous atteindre l'état de bouddha, mais en attendant il y a des étapes ; la pratique du dharma, c'est la pratique formelle, la méditation, les prières, les rituels, mais c'est aussi la vie quotidienne. Et à partir du moment où l'on a vraiment pris conscience du caractère précieux de l'existence humaine, où l'on a vraiment tourné son esprit vers le dharma, tout cela se retrouve intégré en une seule et même chose : il n'y a pas d'un côté la pratique et de l'autre côté la vie quotidienne, mais tout est conditionné par la préoccupation constante de se diriger vers l'éveil ; même si on n'en est pas complètement conscient, il y a toujours quelque chose dans notre esprit qui nous pousse dans ce sens. C'est un peu comme si l'on avait tout à coup découvert de l'or dans notre esprit, qui serait là important d'étudier. Si on se limite à une compréhension superficielle, cela semble contradictoire. Mais cela ne l'est pas en fait. Certaines instructions sont nécessaires pour certains, et à certains moments. Si l'on a l'esprit trop étroit et si l'on reste dans cette étroitesse de la compréhension, on aura des problèmes avec l'enseignement du bouddha, et peut-être certains d'entre vous en ont-ils déjà. C'est pour cela que le plus important est l'esprit et qu'il ne faut pas se laisser piéger par cette étroitesse. Si l'on plante un arbre dans un pot qui est trop petit, il ne pourra jamais devenir arbre à cause de la petitesse du pot. Jamais on ne pourra mettre en pratique ni réaliser les enseignements si l'on garde un esprit étroit et si l'on reste prisonnier de la méthode et des moyens.

Ces méthodes et ces moyens sont là pour aider l'esprit. Il est nécessaire de trouver de l'espace. L'esprit en a besoin, mais lorsque l'on essaye de trouver cet espace, de découvrir l'esprit, on se rend compte qu'on a des habitudes qui nous empêchent de le faire. L'esprit ne peut pas se libérer parce qu'il est prisonnier de ces habitudes. Celles-ci peuvent être collectives, mais aussi personnelles et individuelles. On est pris par toutes sortes de peurs et d'attachements. On peut se dire : "je n'ai pas d'attachement ; j'ai des habitudes, mais je n'y suis pas attaché." Mais quand on essaye de les abandonner, cela devient très difficile. Quand on y réfléchit, c'est aisé, mais dès que l'on met cela en pratique, on se rend compte que les habitudes nous bloquent et nous limitent. Il est important d'avoir une grande confiance pour mettre les enseignements en pratique. Si l'on veut obtenir un résultat et un développement dans la pratique, il faut avoir confiance dans l'enseignement que l'on reçoit. Ce n'est pas quelque chose de très difficile. Lorsqu'on lit et qu'on écoute les enseignements, ils ont beaucoup de sens, semblent évidents et très profonds. La confiance commence à s'effriter lorsqu'on les met en pratique et qu'on rencontre ses attachements et son ignorance. Ignorance ne veut pas dire stupidité. Quand le bouddha a parlé d'ignorance, il ne voulait pas dire que nous sommes bêtes ; certaines personnes sont très intelligentes, très habiles avec l'esprit, mais n'ont aucune clarté et beaucoup d'ignorance. L'ignorance est le manque de clarté de l'esprit, comme ces hamsters qui marchent dans une roue qui tourne sur elle-même. On peut se sentir très bien à tourner ainsi et avoir l'impression d'aller quelque part, de bouger, mais au bout du compte, on ne va nulle part, on est toujours à la même place. C'est ce qui se passe avec l'ignorance, avec la peur, avec les attachements : on a l'impression d'avancer, mais on fait du surplace, alors qu'il s'agit au contraire de revenir à notre condition naturelle, de revenir à ce que nous sommes vraiment. Si l'on explique cela de façon trop élaborée, l'esprit va encore récupérer l'enseignement et l'utiliser pour justement continuer à tourner dans sa petite roue.

Non agir et détente


Publicité
Publicité
Commentaires
LE BLOG DE L' ESTEREL
  • C'est en parvenant à nos fins par l'effort, en étant prêt à faire le sacrifice de profits immédiats en faveur du bien-être d'autrui à long terme, que nous parviendrons au bonheur caractérisé par la paix et le contentement authentique. Le 14e Dalaï Lama
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
LE BLOG DE L' ESTEREL
Publicité