Sus aux pseudo-pubs écolos
Par Laure NOUALHAT - lundi 11 décembre 2006
Environnement. Au-delà de
la chasse au prospectus, les militants se sont mobilisés contre les
publicitaires qui surfent sur la vague écolo.
La pub pollue. Nos boîtes aux lettres, la planète et nos cerveaux. Tel est, en substance, le message de la campagne commune actuellement menée par les militants antipub de Résistance à l'agression publicitaire (RAP) et les ONG écologistes réunies au sein de l'Alliance pour la planète (WWF, Greenpeace, fondation Nicolas Hulot, etc.). D'après le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, les prospectus, publicités ou journaux gratuits s'entassent dans les boîtes aux lettres à raison de 40 kilos par an et par foyer. Ces supports nécessitent beaucoup d'encre et de papier traité. Et la publicité pollue aussi indirectement en vantant des produits énergivores (l'écran plasma) et polluants (l'emblématique 4 x 4).
Samedi, des centaines de militants du RAP ont bravé le froid dans onze villes de France et de Belgique pour la sixième Journée nationale de déversement de prospectus publicitaires. Objectif : dénoncer avec humour la surabondance de prospectus encombrant les boîtes aux lettres. «Un million de tonnes de papier est ainsi gaspillé chaque année», déplorent les militants du RAP, qui avaient fait provision desdits prospectus pour l'occasion. Ils exigent des industriels qu'ils prennent en charge le traitement de ces déchets, lequel s'élève à plus de 150 millions d'euros par an, selon le principe du pollueur-payeur. Ils réclament aussi une loi garantissant l'efficacité des autocollants «Stop pub» distribués par les collectivités locales et apposés sur les boîtes aux lettres.
Au-delà de la chasse aux prospectus, les militants se mobilisent contre les publicitaires qui surfent éhontément sur la vague écolo. Sur son site, l'Alliance pour la planète (www.lalliance.fr) dénonce 30 pubs utilisant sans scrupule des arguments écolos ainsi que l'image des peuples premiers pour vendre une voiture ou de l'électricité nucléaire. «En donnant une image "verte" à des entreprises et des produits qui ne le sont pas, ce "blanchiment écologique" minimise la nécessité de changer nos comportements de consommation», déplore Séverine Millet, de l'Alliance. «Ecologie et pub ne font pas bon ménage, car la pub pousse à consommer. Or la consommation va souvent à l'encontre de la protection de l'environnement. L'écologie n'est pas destinée à vendre des produits et services.»
Malins comme des créatifs, les publicitaires contre-attaquent.
La semaine dernière, le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers
et MPG, l'agence médias de Havas, ont dévoilé Ecopublicité, un
outil de mesure de l'impact environnemental et sociétal de la pub.
Il s'agit d'un logiciel qui calculera les émissions de CO2 mais
aussi les déchets générés par les campagnes selon les supports (TV,
radio, presse, affichage, mailing, etc.). Mesurer l'impact
écologique du support publicitaire, un moyen habile de ne pas
s'intéresser à la pollution induite par la pub.
Lu dans LibéMonde ! (clin d'oeil au Journal la Décroissance HS n°34)