Terrorisme

lundi 25 septembre 2006
Terrorisme
La guerre en Irak a augmenté la menace
Julien Bordier, avec Reuters

Selon un rapport classé du renseignement américain rendu public par le New York Times, le conflit en Irak a donné naissance à une nouvelle génération de radicaux islamistes.

Selon le New York Times, le National Intelligence Estimate (NIE, rapport de synthèse du renseignement) bouclé en avril souligne que l'idéologie du djihad armé s'est propagée à vitesse accélérée dans le monde entier et que l'invasion militaire de l'Irak, en mars 2003, en est une des explications. La Maison-Blanche a réagi dimanche à la publicationen affirmant que l'article du quotidien américain ne rendait pas compte de l'intégralité du document. "Le rapport conclut que le mouvement islamiste radical s'est élargi du noyau d'Al Qaïda et des groupes qui lui sont affiliés vers une nouvelle sorte de cellules 'auto-engendrées' qui s'inspirent de la direction d'Al Qaïda mais n'ont aucun lien direct avec Oussama ben Laden ou ses principaux lieutenants", écrit le journal. Il estime aussi que "l'Irak a aggravé le problème global du terrorisme", affirme une des sources du quotidien. Ce NIE est la première évaluation du terrorisme international menée par les 16 agences américaines du renseignement depuis mars 2003 et représente une analyse de consensus. "La description du NIE par le New York Times n'est pas représentative de l'ensemble du document", a déclaré Peter Watkins, porte-parole de la Maison-Blanche. "Des graines plantées il y a des dizaines d'années" La "haine" des terroristes "pour la liberté ne s'est pas développée en une nuit, ces graines ont été plantées il y a des dizaines d'années. Au lieu d'attendre pendant qu'ils complotent et préparent des attaques pour tuer des Américains innocents, les Etats-Unis ont pris l'initiative de riposter", a-t-il ajouté. Peter Watkins a refusé de commenter les informations contenues dans le rapport. De son côté, le directeur du renseignement national, John Negroponte, qui coordonne l'action des différentes agences américaines, souligne que les extraits choisis par le New York Times représentent "seulement quelques-unes" des conclusions du rapport. "Les conclusions de la communauté du renseignement sont conçues pour être exhaustives et les voir sous le prisme étroit d'une fraction seulement de ses jugements déforme le cadre global", ajoute-t-il dans un communiqué. Le NIE, précise-t-il, estime par ailleurs que si Washington réussit dans la mise en place d'institutions stables en Irak, alors les djihadistes seront affaiblis et "ils seront moins nombreux à quitter l'Irak avec l'intention de mener leur lutte ailleurs". Le Times cite une dizaine de hauts fonctionnaires de l'administration Bush et d'experts extérieurs au gouvernement qui ont eu accès à ce document classé et s'expriment sous le couvert de l'anonymat. "Il examine aussi comment l'Internet a contribué à répandre l'idéologie djihadiste et comment le 'cyber-espace' est devenu un havre pour des terroristes qui n'ont plus de refuges géographiques comme l'Afghanistan", ajoute le New York Times. "Selon des informations de presse, ce document du renseignement devrait enfoncer le dernier clou dans le cercueil des faux arguments du président Bush sur la guerre en Irak", a réagi le sénateur démocrate Ted Kennedy. La note de synthèse des agences du renseignement confirment les projections contenues un rapport établi dès janvier 2003, soit avant le déclenchement de la guerre en Irak, par le National Intelligence Council. Ce groupe de réflexion avait alors estimé qu'un conflit en Irak risquait d'accentuer le soutien à l'islam radical. Le National Intelligence Council travaille actuellement à un nouveau rapport sur la situation en Irak à la demande de Ted Kennedy.